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Nous sommes le 22 avril 2017, c’est la « Marche pour les sciences » dans le quartier latin. On y entend le slogan « La science, pas l’ignorance ! ».
L’ignorance, c’est une entité contradictoire : on ne saurait totalement ignorer ce qu’on ignore, puisque ignorer, c’est déjà avoir une certaine connaissance sur ce qu’on ignore.
Alors de quoi l’ignorance est-elle vraiment le nom ?
Si cette question peut paraître restreinte à une réflexion philosophique limitée, cela serait s’en tenir à une approche superficielle.
Parce que si l’ignorance porte sur ce que l’on ne sait pas, elle interroge avant tout ce que l’on sait, et comment on le sait.
Pouvoir démarquer l’ignorance de la connaissance, ce serait pouvoir reconnaître une connaissance juste quand elle se présente à nous.
La science se décrit comme le champ de la pensée rationnelle le plus fécond de résultats objectifs. Mais qu’est-ce que le savoir scientifique ? Comment savons-nous ce que l’on sait des sciences ?
Il y a une population que les scientifiques ont largement renié : ce sont les théoriciens du complot. Ils sont pourtant au cœur de nos interrogations d’aujourd’hui.
Après tout, croire en un complot, c’est croire en la volonté d’un tiers de nous cacher la vérité. Ignorer devient alors la conséquence d’une intention.
Production d’ignorance, scientificité, théories du complots. Ce seront les croisements du jour pour cet entretien à la croisée des sciences.
Pour cet entretien, j’ai le plaisir d’accueillir Mathias Girel. Maître de conférence en philosophie à l’Ecole Normale Supérieure. Il a publié Science et territoires de l’ignorance aux éditions Quae.
Références
Mathias Girel, Science et territoires de l’ignorance, Quae, Décembre 2017
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